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ESPE de Lorraine: soutien en mathématiques aux étudiants sous forme de cours en ligne
L’équipe de formateurs en mathématiques de l’ESPE de Lorraine a mis en place des cours de mathématique en ligne. Projet initié en 2015, la 1ère session de 5 semaines (proposée exclusivement aux étudiants de l’université de Lorraine) s’est ainsi déroulée en mai/juin 2017 : 228 étudiants (38,6% en L3 et 45,6% en M1) ont suivi la formation autour de 5 thèmes importants des mathématiques. Dressons un premier bilan à cette occasion avec David Bertolo, formateur en mathématiques à l’ÉSPÉ de Lorraine.Il est à noter que l'ESPE de Lorraine est la seule en France à proposer ce type de soutien en mathématiques à ses étudiants et futurs étudiants.
Entretien avec David Bertolo
1. Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les SPOC (Small Private Online Courses) ?
Ces dernières années, les MOOC (Massive Open Online Courses) se sont très largement développés. Il est maintenant possible de suivre un cours dispensé par une lointaine université prestigieuse (MIT, Stanford, …) et ce même de chez soi. Ces MOOC sont des cours en ligne ouverts à tous, il suffit le plus généralement de s’y inscrire pour pouvoir les suivre. Ainsi certains d’entre eux peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers de participants. Ils sont le plus souvent composés de vidéos, de textes, de documents, de quiz, …
Les SPOC se fondent sur un même principe. Ce sont des cours en ligne dont la seule différence avec les MOOC est l’aspect « small » et « private ». Cette taille plus petite s’explique par un rapport plus proche de l’utilisateur. En effet, contrairement au MOOC où tout le monde peut participer, seuls les membres invités et/ou ciblés peuvent le faire. Cette restriction est liée à la nécessité de prérequis pour suivre le cours en question. Par exemple dans le cadre du SPOC de mathématiques mis en place par l’ESPE de Lorraine, seuls les étudiants de l’Université de Lorraine y ont eu accès.
2. Pourquoi mettre en place un SPOC ?
Dans un premier temps, nous avons souhaité mettre en place un SPOC plutôt qu’un MOOC pour évaluer le temps et le travail nécessaire à la réalisation d’un suivi de qualité de nos étudiants lors de sa mise en oeuvre.
D’un point de vue plus structurel et pédagogique, jusqu’à présent nous avions géré l’hétérogénéité au sein de nos groupes de TD durant la formation. Nous avions aussi mis en place une UE libre en licence pour permettre aux étudiants intéressés de refaire des mathématiques en ayant une réflexion pédagogique pour préparer au master MEEF. Suite aux évaluations de nos enseignements de mathématiques dans notre master MEEF première année et premier degré, il est apparu une très forte demande des étudiants à disposer de cours de remise à niveau leur permettant de bien assimiler les prérequis nécessaires à ces UE. Cette forte demande est liée au fort regret des étudiants de ne pas avoir eu de cours reprenant les bases de façon conséquente lors de leur licence en dehors de l’UE libre, qui ne peut accueillir tout le monde.
En effet, le public de master MEEF premier degré étant très diversifié et issu de l’ensemble des différentes licences de l’université, il arrive sans avoir fait de mathématiques depuis plusieurs années. De plus, il n’y a pas de licence directement rattachée au master MEEF, ce qui engendre une grande hétérogénéité des étudiants qui arrivent en première année. Le SPOC nous est alors apparu comme une solution intéressante ou tout au moins une piste à explorer. Nous avons abordé ce SPOC sous l’angle des prérequis qui nous semblent essentiels en mathématiques pour une bonne entrée en master MEEF premier degré. Cette approche permet aussi aux étudiants de connaître nos attentes à ce niveau et donc de pouvoir anticiper leur arrivée.
3. Comment se met en place le SPOC ? Quel(s) contenu(s) ? Quels acteurs sont mobilisés pour éditer un contenu et la mise en ligne ?
Dans un premier temps, nous avons constitué une équipe de formateurs qui étaient prêts à s’investir sur ce projet. Nous avons alors pris contact avec la Sous-Direction aux Usages du Numérique (SDUN) de l’université de Lorraine. Pour l’ensemble de l’équipe des formateurs, c’était la première fois que nous nous impliquions dans un tel projet. L’ESPE de Loraine nous a immédiatement soutenu dans nos démarches. De son côté, la SDUN nous a accompagné et conseillé dans la constitution des ressources.
En effet, nous avons réalisé l’architecture du SPOC, réfléchi aux thématiques à aborder, à leur contenu, au temps que les étudiants devraient y consacrer. Une fois cette première étape réalisée, la SDUN nous a aidé dans la médiatisation des contenus prévus. Un exemple marquant a été la réalisation des vidéos de cours. Les échanges avec le service audiovisuel et leurs conseils ont été essentiels pour obtenir des vidéos de qualité. Les formateurs ont d’ailleurs beaucoup appris à ce niveau et ont pu développer de nouvelles compétences pour la médiatisation des contenus en ligne. Une ingénieure pédagogique de la SDUN, nous a permis de respecter les échéances et a géré l’ensemble des questions et des problèmes techniques pour la mise en ligne du SPOC. Au final, la réalisation du SPOC a reposé sur un travail d’équipe qui a été enrichissant pour chacun. Les formateurs se sont majoritairement focalisés sur les contenus et les approches pédagogiques en fonction des médiatisations possibles. La SDUN nous a conseillé sur celles-ci puis nous a apporté toute l’assistance technique, audiovisuelle et graphique dont nous avions besoin.
L’ensemble des réflexions, des échanges, de la conception des contenus et de la mise en place du SPOC, nous aura pris deux ans en plus de nos activités professionnelles habituelles. Et a priori, cela va encore continuer pendant un moment…
4. Quel bilan dressez-vous de ce premier SPOC de l’ÉSPÉ de Lorraine ? Un renouvellement deces SPOC est-il prévu ?
Après une première mise en oeuvre en juin 2017, l’ensemble de l’équipe impliquée dans le SPOC dresse un bilan positif de cette expérimentation. Nous avons débuté le SPOC juste après les examens du deuxième semestre et nous avons eu un peu plus de 200 inscrits, issus pour la majorité des étudiants de L3 et de M1 MEEF. Les étudiants de L3 étant le public visé par le SPOC, il n’y avait rien de surprenant sur ce point. En revanche, la proportion de M1 MEEF inscrits nous a interrogés. Il faudra creuser l’analyse sur ce point.
Lors de la conception du SPOC, nous avions envisagé deux mises en oeuvre possibles pour celui-ci :
- une session en juin à destination des étudiants de L3 afin de préparer la rentrée suivante. Dans un second temps, une session en octobre/novembre à destination des étudiants de M1 MEEF qui n’auraient pas suivi le SPOC en juin. Une nouvelle session est donc actuellement en cours mais uniquement pour les étudiants inscrits en M1. Pour l’avenir, l’équipe prévoit une nouvelle session en juin et nous avons déjà reçu plusieurs mails spontanés d’étudiants souhaitant y participer. Cette année universitaire va aussi être consacrée à l’amélioration de certains contenus qui ont été proposés lors de la première session. Il est aussi prévu de compléter le SPOC en travaillant sur de nouvelles thématiques. A terme, cela permettra peut-être de proposer deux SPOCs complémentaires.
- une réflexion est en cours pour transformer à moyen terme le SPOC en MOOC pour élargir le dispositif. A cet égard, il serait intéressant de pouvoir échanger et travailler avec d’autres ESPE.
5. Quel est l’intérêt du SPOC pour la formation des enseignants ?
Le SPOC a plusieurs intérêts pour la formation des enseignants. Le premier est de permettre aux étudiants d’être au clair avec les prérequis nécessaires à une bonne entrée en formation du master MEEF premier degré. Le deuxième intérêt est de réduire l’hétérogénéité créé par la diversité des filières dont sont issus les étudiants. Le troisième intérêt de la mise en place du SPOC est de placer les étudiants dans une posture professionnelle attendue des enseignants en « utilisant efficacement les technologies pour échanger et se former » dans le cadre d’une « Identification de ses besoins de formation et d’une mise en oeuvre des moyen de développer ses compétences en utilisant les ressources disponibles ».
Plus d'informations
Interview transcrite par David Bertolo, formateur en mathématiques à l’ÉSPÉ de Lorraine
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