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Article News Tank HER - Les ÉSPÉ entrent dans une « période mouvante » après « beaucoup d’avancées » en cinq ans
Le Réseau national des ÉSPÉ est autorisé à reproduire, avec l’aimable autorisation de News Tank higher ed and research l’article consacré, mercredi 19 septembre, à son activité.
Les Espé entrent dans une « période mouvante » après « beaucoup d’avancées » en cinq ans
Le réseau des Espé constate « beaucoup d’avancées » depuis la création de ces structures par la loi de 2013 de refondation de l'école, déclare Brigitte Marin, sa présidente et directrice de l’Espé de Créteil, le 18/09/2018. « Nous avons eu le souci depuis cinq ans de dispenser une formation universitaire et professionnalisante », résume-t-elle.
Elle s’exprime lors d’un point presse organisé à l’Espé de Paris, aux côtés des vice-présidents du réseau : Alain Frugière, directeur de l’Espé de Paris, Mario Cottron, directeur de l’Espé de Poitiers, et Olivier Combacau, directeur de l’Espé Centre Val de Loire.
« Les Espé ont été créées avec un objectif prioritaire de lutte contre l’échec scolaire, toutes se sont emparées de cette problématique », déclare Olivier Combacau.
Il énumère les principales nouveautés mises en œuvre depuis cinq ans avec la naissance du master Meef :
• Un « nouveau référentiel enseignant », fondé notamment sur la mise en place d'équipes « plurielles, pluricatégorielles » regroupant des enseignants-chercheurs et des « gens du terrain ». « Nous sommes arrivés, petit à petit, à mettre les bonnes personnes face aux étudiants », dit-il.
• L’année de formation « intégrative » qui repose sur une expérience de terrain et un apprentissage universitaire.
• Le double tutorat : le fonctionnaire stagiaire est accompagné par deux professionnels, l’un choisi par le rectorat (tuteur terrain) et l’autre par l’Espé (tuteur universitaire).
• L’obligation pour les élèves de produire un « écrit long » (écrit scientifique réflexif), pour « prendre du recul ».
• Une « démarche qualité », qui se traduit par la mise en place systématique de conseils de perfectionnement.
Les Espé entrent néanmoins « dans une période mouvante et de réforme attendue », note la présidente du réseau. En effet, les conseils des Espé puis leurs directions vont être renouvelés entre novembre 2018 et janvier 2019, leurs mandats arrivant à échéance. De plus, lors de l’université d'été de la CPU, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, a évoqué un projet de loi « courant 2019 » portant notamment sur la formation des enseignants.
Une réforme et un appel à projets du PIA à venir
« Une réforme majeure qui suppose que nous travaillions bien évidemment avec Frédérique Vidal, de façon à ce qu’ensemble nous visions l’intérêt général » : c’est ainsi que Jean-Michel Blanquer présentait le projet de loi à venir et qui concernera les Espé, lors de l’université d'été de la CPU, à Paris fin août.
Il souhaitait des « écoles internes des universités qui soient synonymes de qualité » et qui soient « pilotées davantage pour répondre aux besoins de l’éducation nationale » :
« L’indicateur de succès de la formation sera le jour où le rectorat spontanément confiera aussi la formation continue aux Espé, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », selon le ministre.
Une réforme préparée par plusieurs rapports en 2018 :
Le Sénat, par l’intermédiaire d’un groupe de travail sur le métier d’enseignant, estimait en juillet 2017 que le « modèle de 2013 n’a pas su s’imposer » et pointait le fait que le master Meef ne concerne « qu’un peu plus de la moitié des lauréats du premier degré, et moins de la moitié dans le second ». Parmi les propositions avancées : l’idée d’un « prérecrutement dès la L1 », un concours avancé en fin de L3 pour le premier degré et en milieu de M2 pour les enseignants du second degré.
La Cour des comptes évoquait un pilotage de la réforme insuffisamment directif envers les universités, préconisait de déplacer le concours en fin de licence, et de rationaliser la carte des formations.
Un rapport de Monique Ronzeau et Bernard Saint-Girons, qui pilotent une mission sur l’avenir des Espé, est encore attendu.
Par ailleurs, le SGPI doit lancer un appel à projet sur les « Espé du futur » d’ici la fin de l’année. Selon les informations de News Tank, celui-ci doit permettre de développer le lien entre recherche et formation, sans imposer d’organisation ou de structuration particulière.
68 000 étudiants en Espé
Les Espé accueillent 68 003 étudiants en 2017-2018. 50 % sont inscrits en Meef ou Diplôme universitaire FAE (Formation adaptée enseignement) préparant à l’enseignement en premier degré ; 43 % en second degré ; 2,7 % dans la spécialité « encadrement éducatif » ; et 4,2 % en « pratique et ingénierie de la formation ».
Retrouvez les effectifs détaillés par académie dans notre data à la fin de l’article.
La place du concours et le volume horaire en question
Le bureau du réseau des Espé, qui participe aux travaux de la mission Ronzeau-Saint-Girons, indique ne pas avoir davantage d'éléments sur la future réforme. Mais la place du concours entre le M1 et le M2, est régulièrement soulevée comme problématique. « C’est un élément essentiel de la réflexion de tous les acteurs », confirme Mario Cottron.
Aujourd’hui, la première année de master Meef est consacrée à la préparation du concours, seule le M2 permet la formation des futurs enseignants. Placer le concours plus tôt « allègerait considérablement » les choses, pour le directeur de l’Espé de Poitiers.
Pour Brigitte Marin, le M2 comporte « trop d’objectifs à atteindre en même temps pour les étudiants-stagiaires, beaucoup sont noyés. La question est donc : “Comment faire pour avoir tout le monde en formation pour deux ans ?“ »
En revanche, concernant une éventuelle évolution différenciée de la sélection des enseignants du premier et second degré, « il ne faudrait pas revenir en arrière et séparer les modes de formation », prévient Olivier Combacau.
La « dynamique » du réseau des Espé
Le réseau des Espé « a la capacité à mettre en synergie les forces sur toutes les questions qui se sont posées depuis cinq ans », fait valoir Olivier Combacau.
Ainsi, la mise en place du Master Meef dans les différentes écoles s’est traduite par « des résultats assez différents que l’on a confrontés ». A la clef, des propositions du réseau des Espé pour éviter de trop grandes différences d’approche sur le territoire, tout en respectant les éventuelles spécificités locales.
« La CDIUFM [Conférence des directeurs d’IUFM, disparue en 2013 avec la réforme] avait une tout autre dynamique. Ici l’idée de construire ensemble et d’être force de proposition », résume Brigitte Marin.
Le rapport aux universités
Le lien avec les universités « intégratrices » et celles partenaires de l’Espé d’une part, et les rectorats représentant le ministère de l'éducation nationale d’autre part, s’est amélioré au fil des années, estime le réseau des Espé.
Lors de leur mise en place, « il y a eu une difficulté à différencier la composante Espé, relevant d’un établissement, du projet d’Espé qui dépasse l’université intégratrice », analyse Olivier Combacau.
« Le projet de l’Espé a été compliqué à faire comprendre, à l’image du budget de projet, qui est composé de la contribution de chacun des partenaires et dans lequel le rectorat intervient par la mise à disposition de personnels. »
La présidente du réseau reconnait qu’il a fallu « s’acculturer au caractère universitaire des Espé », mais juge que « cela a été synonyme d’une montée en rigueur ».
« Tous les ans, le moment de la campagne d’emplois est stratégique car on y décide des profils des postes que l’on ouvre au recrutement. Nous sommes tous dans une perspective de monter en charge en nombre d’E-C pour être plus universitaire, même si les certifiés et agrégés ont leur place dans les Espé. »
Pour Mario Cottron, le positionnement dans l’université « n’est plus discuté » aujourd’hui.
« Le traitement de l’Espé de Poitiers y est, par exemple, comparable à celui des autres composantes, et nous ne constatons aucune difficulté alors que nos missions sont complexes. »
Des initiatives pour promouvoir la recherche
Au chapitre des succès obtenus par le réseau des Espé, Brigitte Marin cite la création du « printemps de la recherche », colloque qui tiendra sa cinquième édition en mars 2019, et de l’opération « Mon mémoire Meef en 180 secondes », sur le modèle de « Ma thèse en 180 secondes ».
Deux opérations qui entendent « promouvoir la dimension recherche » de la formation des futurs enseignants du premier et second degré. Au sein des Espé, ils sont formés « à la rigueur des méthodes de la recherche, une recherche en appui à l’éducation », souligne-t-elle.
Mise en place des Espé : le regard de Monique Ronzeau
En juin 2017, la revue de l’Association française des acteurs de l'éducation consacrait son numéro aux Espé.
Monique Ronzeau, qui a piloté le suivi de la réforme de juillet 2013 pour le compte de l’Igaenr, en était une des coordinatrices et livrait son analyse à News Tank, en septembre 2017.
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