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« Faire de la recherche en éducation, c’est améliorer sans cesse notre pratique professionnelle de classe, sur le terrain »

Le sport, la musique, l’action culturelle, la littérature ou les mathématiques ont forgé chacun des parcours des lauréat-e-s du concours national 2018 « Mon Mémoire MEEF en 180 secondes ».

Aujourd’hui, ces 4 primé-e-s ont tous fait de l’enseignement leur vocation.

Focus sur ces nouveaux enseignants passionnés, pour qui la recherche en éducation est une étape clé de leur formation de Master MEEF, aussi bien dans leur pratique d’aujourd’hui que celle de demain.

Crédits photos : ©Jérémy_Jager_2018_ESPENice

>> Revoir les prestations en 180 secondes de Rachel Parisot, Nicolas Prost-Dumont, Élodie Couillard et Marilou Petit <<

3 prix du jury et 1 prix du public : consulter le palmarès

Nous sommes curieux au Réseau des ÉSPÉ.

Parlez-nous de votre parcours ; pourquoi avoir choisi d’intégrer un Master MEEF ?

Rachel (1er prix du jury) : J'ai passé un baccalauréat littéraire, option musique. Puis, je me suis orientée vers le métier d'orthophoniste et j'ai décidé de faire une préparation en une année pour me préparer aux concours. J'ai passé six concours dans la France entière et malheureusement, il s'est avéré que la dimension scientifique de ces concours m'empêchait d'aller plus loin. J'ai donc intégré une licence de Lettres Modernes, parcours littérature générale et comparée, à la Sorbonne Nouvelle, à Paris 3. Une fois cette licence en poche, je voulais passer le CAPES en littérature et rester sur Paris. La vie en a décidé autrement et je me suis retrouvée à m'inscrire en Master MEEF, à Troyes, car j'étais sûre d'une seule chose : je voulais enseigner que ce soit aux petits ou aux grands. Je fais de l'aide aux devoirs depuis cinq ans maintenant et j'aide des enfants de la maternelle jusqu'à la terminale, en français et en anglais. Donc, l'enseignement, c'était pour moi !

Élodie (3è prix du jury) : Après un cursus de sciences politiques et de management, j'ai travaillé 12 ans comme administratrice dans le domaine du spectacle vivant, auprès de metteurs en scène, de chorégraphes, de marionnettistes, de musiciens. Bien que j’aie choisi ce premier métier par passion, il m'a semblé - alors que mes enfants entraient à l'école - que le métier d'enseignant ferait sens pour moi. J'ai alors commencé à préparer le concours de professeur des écoles en "candidat libre" et l'ai obtenu l'an dernier. Le Master MEEF marque l'aboutissement de cette reconversion professionnelle.

Marilou (Prix du public) : J'ai toujours voulu être professeure des écoles. J'ai très vite su qu'il fallait avoir une licence avant de pouvoir intégrer le Master MEEF nécessaire pour être professeure des écoles. Je me suis donc dirigée vers une licence de mathématiques et c'est durant cette première année de licence que j'ai découvert l'informatique (car les licences de mathématiques et informatique sont communes la première année). J'ai donc décidé par la suite de continuer ma licence en informatique. Lorsque j'ai réussi la L3, j'ai tout de suite postulé pour le Master MEEF.

Nicolas (2è prix du jury) : Enseigner m’intéresse depuis de nombreuses années. J’ai passé le CRPE il y a 9 ans, je ne l’ai pas eu. Entre temps j’ai passé un diplôme d’Etat pour enseigner le tennis, ce que je fais depuis 9 ans. Après réflexion, l’enseignement scolaire reste ce qui me plait le plus.

   

 

Qu’est ce qui a orienté le choix de votre sujet de mémoire ?

Rachel : Je suis musicienne : chanteuse, pianiste et j'ai fait des percussions africaines. J'ai également étudié au Conservatoire de Troyes (Aube, 10) où j'ai obtenu mes UV de piano complémentaire, de musique de chambre et également de chant. Depuis toute petite, la musique m'anime. Mais surtout, je me suis rendue compte, au travers de mon parcours scolaire, que la musique m'a également beaucoup aidée dans les apprentissages et dans ma scolarité. C'est pour cela que j'ai décidé de mêler la littérature (venant de ma passion des livres, de la lecture et de ma licence) à la musique en essayant de résoudre les difficultés des élèves en français par la musique. 

Élodie : L'anglais m'a beaucoup interrogée lors de mes premières semaines de stage. Mes élèves de CM1, bien qu'ayant bénéficié d'un enseignement d'anglais depuis le CP, semblaient pour la plupart impressionnés, voir découragés, par cette matière et par le "bain linguistique" que je leur proposais. Parallèlement, à l'ESPE de Bretagne, une enseignante chercheuse est venue nous présenter le projet PEERS, mené  en partenariat avec la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne, autour des activités de pairwork (interactions orales en binômes) en langues vivantes étrangères. Enthousiaste, je me suis portée volontaire pour y participer. 

Marilou : Avant de passer le concours de recrutement de professeur des écoles, j'ai demandé à bénéficier d'un emploi d'avenir professeur (EAP). Pendant 3 ans, j'ai été en observation à mi-temps dans différentes classes ; 2 ans en PS/GS à Luminy et 1 an en CP/CE1 à Digne. J'avais déjà entendu parler des Bee-Bots lorsque j'étais EAP à Luminy puis c'est ma formatrice en mathématiques, Mme Frédérique Miskiewicz, à l'ESPE de Digne, qui nous a présenté les Bee-Bots plus précisément en cours. J'ai tout de suite accroché et je l'ai choisi comme sujet pour le CRPE puis comme sujet de mémoire.

Nicolas : La mémoire me passionne depuis très longtemps. Il y a quelques années, j’ai découvert l’existence des images mentales pour mémoriser mieux. Cela m’est apparu comme une évidence d’essayer de transférer cela chez les jeunes enfants. J’ai choisi les tables de multiplication car c’est un problème récurrent chez de nombreux élèves.

 

Pourquoi le mémoire est-il un élément important de votre formation ?

Rachel : Le mémoire a été une révélation en ce qui me concerne. En licence, à la Sorbonne, on nous parlait beaucoup de la recherche sans trop savoir à quoi cela correspondait vraiment. Mais, quand j'ai su que j'allais faire un mémoire, j'ai tout de suite compris que la recherche était bien plus passionnante que l'idée que je m'en faisais. C'est en faisant ce mémoire que je me suis passionnée pour la recherche, pour les lectures, pour l'écriture (chose pour laquelle je me passionne depuis petite). Maintenant, ce travail de recherche, de deux années, va me servir pour une future thèse, je l'espère. Il sera le début d'un long travail en doctorat où j'épuiserais toutes les facettes de ce sujet. Je pense que ce mémoire n'aurait pas eu le même goût si je n'avais pas été autant accompagnée par mon directeur de mémoire, Monsieur Philippe Hentzen, à qui je dois tout. 

Élodie : Le mémoire m'a permis de prendre du recul quant à ma pratique de l'enseignement de l'anglais et de m'interroger, plus largement, sur la relation qui se noue entre professeur et élèves au cours d'une situation d'apprentissage. J'ai aussi eu la possibilité, au cours de ce travail, de découvrir certains des cadres théoriques de la recherche en éducation et en didactique et m'initier à ses outils.

Marilou : Je pense que le mémoire est un élément important de notre formation car il permet de "prendre des risques" en se lançant dans un sujet bien précis. Il permet également une réflexion sur notre travail de professeur des écoles stagiaire et une prise de recul qu'il est difficile d'avoir lorsque l'on débute.

Nicolas : Il m’a permis de réfléchir à des solutions pour améliorer notre mémorisation. J’ai pu faire des tests dans des classes, confronter les résultats. Bref, un travail de recherche passionnant et épanouissant qui était le point clé de ma formation. 

 

Pensez-vous que votre travail de mémoire de recherche a influé sur votre pratique professionnelle en tant qu’enseignant-stagiaire et pensez-vous qu’il servira votre pratique de demain ?

Rachel : Oui, bien sûr. Ce travail de recherche a directement influencé ma pratique professionnelle mais également, m'a changée en tant que future professeure. Je me suis rendue compte qu'il fallait se servir des matières dites "secondaires" pour les allier aux matières dites "primaires" et faire de l'interdisciplinarité, le sens de tous les apprentissages à l'école. C'est en motivant l'enfant et en l'invitant à être pleinement au cœur de son apprentissage avec passion et dévouement, qu'on arrivera à ce que cet enfant réussisse et ait goût aux études supérieures. 

Élodie : Grâce à ce travail de recherche, j'ai pu développer la pratique des activités de pairwork et des jeux en anglais en classe. Mais il m'a surtout permis de comprendre à quel point la position du professeur, l'attitude et les mots qu'il choisit pour transmettre une consigne, les tâches qu'il propose, peuvent impacter la motivation et la réussite des élèves. Cette réflexion va continuer à m'accompagner dans ma pratique.

Marilou : Je pense que mon travail de mémoire de recherche a grandement influé sur ma pratique professionnelle de PES car il m'a permis de remarquer qu'utiliser des outils autres que les outils "traditionnels" de classe apportaient beaucoup à TOUS les élèves, en tous points. Les Bee-Bots permettent aux élèves en refus dans les apprentissages de travailler des notions sans s'en rendre compte mais aussi à tous de travailler de manière ludique et d'avancer à son rythme. Je suis certaine que ce travail me servira dans ma pratique future car je souhaite à nouveau utiliser la Bee-Bot avec mes élèves et creuser d'autres nouvelles technologies destinées à l'apprentissage qui peuvent réellement être bénéfique pour les élèves.

Nicolas : Nous pouvons utiliser les images mentales à tout âge et dans toutes les disciplines donc oui, j’utilise ces techniques personnellement et avec les élèves et je le ferai tout au long de ma carrière !

 

Selon vous, pourquoi faire de la recherche en éducation et à quelles fins ?

Rachel : Faire de la recherche en éducation permet d'améliorer sans cesse notre pratique professionnelle de classe, sur le terrain. Mais, la recherche en éducation est aussi un moyen de se remettre en question, de se questionner sans cesse pour mieux faire les choses et qu'elles soient enrichies tous les jours. L'homme a besoin d'apprendre, a besoin qu'on éveille sa curiosité et qu'on le mette devant l'inconnu. Je pense que la recherche en éducation, c'est l'inconnu. C'est innover pour mieux créer le quotidien. 

Élodie : La recherche en éducation a pour moi deux finalités principales : permettre à tous les élèves de réussir en offrant une meilleure compréhension des processus d'apprentissage et permettre aux enseignants de les y aider au mieux. Elle me semble aujourd'hui indissociable de l'activité d'enseignement et j'aimerais, dans quelques années, mener de nouveaux travaux de recherche dans le cadre d'un doctorat. Mais je vais d'abord continuer à apprendre mon métier au contact des élèves tout en menant une veille documentaire pour parfaire ma connaissance des courants pédagogiques et me tenir au courant des avancées de la recherche.

Marilou : Je pense que faire de la recherche en éducation permet d'approfondir, compléter nos connaissances sur les élèves ainsi que les relations entre chacun. Cela peut permettre à tous de trouver des solutions pour certains problèmes auxquels on ne pouvait venir en aide actuellement.

Nicolas : La recherche permet d’améliorer la formation des futurs citoyens de demain. Leur savoir, leur savoir-faire, leur savoir être. Elle permet de faire progresser les élèves dans tous les domaines. Une meilleure formation pour une société meilleure, plus libre, plus autonome, plus qualifiée.

 

"Faire de la recherche en éducation, c'est innover pour mieux créer le quotidien", Rachel Parisot

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"Améliorer la formation des futurs citoyens de demain. Une meilleure formation pour une société meilleure, plus libre, plus autonome, plus qualifiée", Nicolas Prost-Dumont

 

Comment appréhendez-vous la rentrée ? Connaissez-vous votre établissement d’affectation pour cette première année de stage ? Qu’est-ce qui va changer pour vous ?

Rachel : Je suis une toute nouvelle professeure stagiaire alors forcément, j'appréhende (rires). Mais, je pense qu'il faut garder son naturel et être avec les élèves comme je l'ai toujours été au cours de ces deux années de master. Il faut que je prenne plaisir et que je sente que mes élèves ont plaisir à venir en classe et à ce qu'on travaille ensemble. Oui, bien sûr. Je suis affectée à l'école Fernand Ganne à Saint Julien les Villas et je décharge l'excellente PEMF, Madame Pascale Savoyini qui a une classe de CM1/CM2. Tout va changer pour moi finalement (rires). Mais, ce qui va réellement changer, c'est que maintenant, on pourra vraiment dire que je suis maîtresse. 

Élodie : Avec beaucoup d'excitation et un peu d'angoisse à la fois. Je crois que nous enseignants nous posons les mêmes questions que nos élèves à l'approche de la rentrée : Quelle sera ma classe ? Comment seront mes collègues ? Vais-je réussir ? Je ne connais pas encore mon affectation pour ma première année en tant qu'enseignante titulaire et je vais probablement avoir à enseigner en tant que remplaçante, dans plusieurs établissements et auprès de plusieurs niveaux. Je vais beaucoup apprendre !

Marilou : J'ai déjà effectué ma première année de stage l'année qui vient de s'écouler, en petite section/moyenne section à Peipin. Mais j'ai très hâte de la prochaine rentrée. J'ai obtenu le poste que j'avais demandé en 1er voeu lors du second mouvent : la direction et la classe de CP/CE1 d'Entrevaux. Je suis ravie d'autant plus que mon compagnon qui est également PE a réussi à obtenir son affectation à l'école d'Entrevaux en CE2/CM1/CM2. Alors tout va changer ! Le niveau de classe, la direction, être dans la même école que mon compagnon... Mais ce ne sera que du plaisir, j'en suis certaine !

Nicolas : La rentrée me fait un peu peur. J’ai un mi-temps en grande section/CP, un jour en CE2/CM1 et un dernier jour en CM2, soit 5 niveaux différents dans les 3 cycles. Faire progresser tout ce petit monde me semble relever de l’exploit mais je mettrai tout en œuvre pour faire preuve d’adaptation, la règle d’or de l’enseignement !

Propos recueillis par l'équipe du R-ÉSPÉ