Loic Clavier, ESPE de l'académie de Nantes et Michel Fabre
L'actualité semble mettre en cause les pronostics d'un déclin du religieux. Comprendre les phénomènes de permanence, voire de "retours" multiformes de ce type de croyance, exige un recul historique. Or de nombreux philosophes et sociologues, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, se sont efforcés de penser les soubresauts idéologiques d'une sécularisation de la société. C'est le cas en Europe de Comte, Barni, Buisson, Durkheim, Guyau, Quinet, Renan ou Weber, mais également de Dewey aux Etats-Unis, de Tolstoï en Russie ou de Kang Youwei en Chine.
Toutes ces doctrines ont comme point commun de tenter d'arracher le religieux aux religions traditionnelles pour le réinterpréter dans un sens humaniste. Comment ces penseurs peuvent-ils éviter les dérives opposées du moralisme et du relativisme ? Et comment - eux qui se soucient d'éducation, à des titres divers - peuvent-ils concevoir d'éduquer sans absolu, du moins sans l'absolu des religions ? Ces penseurs ont quelque chose à nous dire aujourd'hui pour définir ou redéfinir notre rapport philosophique, politique ou éducatif aux religions et au religieux.